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Catéchisme et spiritualité

L'intimité entre Dieu et notre âme - Pour enfants et adultes (Ne tenez pas compte des publicités)

2 novembre - Commémoration de tous les fidèles défunts

Aujourd'hui, journée dédiée spécialement à la prière, accompagnée dans l'Eucharistie elle serait complète.

 

Saint Jean-Marie Vianney - Saint curé d'Ars

2 NOVEMBRE
COMMÉMORATION DES MORTS

(PREMIER SERMON)

 

Venil nox, quando nemo potest operari.
La nuit vient, pendant laquelle personne ne peut plus travailler.
(S. Jean, IX, 4.)

Telle est, M.F., la cruelle et affreuse position où se trouvent maintenant nos pères et mères, nos parents et nos amis, qui sont sortis de ce monde sans avoir entiè-rement satisfait à la justice de Dieu. Il les a condamnés à passer nombre d'années dans ces prisons ténébreuses du purgatoire, où sa justice s'appesantit rigoureusement sur eux, jusqu'à ce qu'ils lui aient entièrement payé leurs dettes. « Oh ! qu'il est terrible, nous dit le saint Roi-prophète, de tomber entre les mains du Dieu vivant  ! « Mais pourquoi, M.F., suis-je monté en chaire aujourd'hui ; que vais-je vous dire ? Ah ! je viens de la part de Dieu même ; je viens de la part de vos pauvres parents, afin de réveiller en vous cet amour de reconnaissance que vous leur devez ; je viens vous re-mettre devant les yeux toutes les bontés et l'amour qu'ils ont eus pour vous pendant qu'ils étaient sur la terre ; je viens vous dire qu'ils brûlent dans les flammes, qu'ils pleurent, et qu'ils demandent à grands cris le secours de vos prières et de vos bonnes oeuvres. Il me semble les entendre s'écrier du fond de ces brasiers qui les dévorent : « Ah ! dites bien à nos pères, à nos mères, dites à nos enfants, à tous nos parents, combien sont cruels les maux que nous souffrons. Nous nous jetons à leurs pieds pour implorer le secours de leurs prières. Ah ! dites-leur que depuis que nous sommes séparés d'eux, nous sommes ici à brûler dans les flammes ! Oh ! qui pourra être insensible à tant de maux que nous endurons ? « Voyez-vous, M.F., entendez-vous cette tendre mère et ce bon père, et tous ces parents qui vous tendent les mains ? « Mes amis, s'écrient-ils, arrachez--nous à ces tortures, vous le pouvez. » Voyons donc, M.F., 1° la grandeur des tourments qu'endurent les âmes du purgatoire, et 2° les moyens que nous avons de les soulager, qui sont : nos prières, nos bonnes oeuvres, et surtout le saint sacrifice de la Messe.

I. – Je ne veux pas m'arrêter à vous prouver l'exis-tence du purgatoire ; ce serait perdre mon temps. Nul d'entre vous n'a le moindre doute là-dessus. L'Église à qui Jésus-Christ a promis l'assistance du Saint-Esprit, et qui, par conséquent, ne peut ni se tromper ni nous tromper, nous l'enseigne d'une manière assez claire et assez évidente. Il est certain et très certain qu'il y a un lieu où les âmes des justes achèvent d'expier leurs péchés, avant d'être admises à la gloire du paradis qui leur est assurée. Oui, M.F., et c'est un article de foi : si nous n'avons pas fait une pénitence proportionnée à la grandeur et à l'énormité de nos péchés, quoique par-donnés dans le saint tribunal de la pénitence, nous serons condamnés à les expier dans les flammes du purgatoire. Si Dieu, la justice même, ne laisse pas une bonne pensée, un bon désir et la moindre action sans récompense, de même aussi il ne laissera pas impunie une faute, quelque légère qu'elle soit ; et nous irons souffrir en purgatoire tout le temps que la justice de Dieu l'exigera, pour achever de nous purifier. Dans l'Écriture sainte, grand nombre de textes montrent que, bien que nos péchés soient pardonnés, le bon Dieu nous impose encore l'obligation de souffrir dans ce monde, par des peines temporelles, ou dans l'autre, par les flammes du purgatoire .
Voyez ce qui arriva à Adam : s'étant repenti après son péché, Dieu l'assura qu'il l'avait pardonné, et cependant il le condamna à faire pénitence pendant plus de neuf cents ans  ; pénitence qui surpassa tout ce que l'on peut imaginer. Voyez encore   : David ordonne, contre le gré de Dieu, le dénombrement de ses sujets ; mais, poussé par les remords de sa conscience, il reconnaît son péché, se jette la face contre terre et prie le Seigneur de lui pardonner. Dieu, touché de son repentir, le par-donne en effet ; mais, malgré cela, il lui envoie Gad pour lui dire : « Prince, choisissez l'un des trois fléaux que le Seigneur vous a préparés en punition de votre faute : la peste, la guerre et la famine. » David dit : « Il vaut mieux tomber entre les mains du Seigneur dont j'ai tant de fois éprouvé la miséricorde, que dans celles des hommes. » Il choisit donc la peste, qui dura trois jours et qui lui enleva plus de soixante-dix mille sujets ; et, si le Seigneur n'avait arrêté la main de l'ange déjà étendue sur la ville, tout Jérusalem eût été dépeuplé ! David voyant tant de maux causés par son péché, demanda en grâce au bon Dieu de le punir lui seul, et d'épargner son peuple qui était innocent . Hélas ! M.F., quel sera donc le nombre d'années que nous aurons à souffrir en purgatoire, nous qui avons tant de péchés ; qui, sous prétexte que nous les avons confessés, ne faisons point de pénitence et ne versons point de larmes ? Que d'années de souffrances nous attendent dans l'autre vie !
Mais comment pourrai-je vous faire le tableau déchi-rant des maux qu'endurent ces pauvres âmes, puisque les saints Pères nous disent que les maux qu'elles endurent dans ces lieux, semblent égaler les souffrances que Jésus-Christ a endurées pendant sa douloureuse passion ? Cependant, il est certain que si le moindre supplice de Jésus-Christ avait été partagé entre tous les hommes, ils seraient tous morts par la violence des souffrances. Le feu du purgatoire est le même que celui de l'enfer, la différence qu'il y a, c'est qu'il n'est pas éternel. Oh ! il faudrait que le bon Dieu, dans sa miséri-corde, permit qu'une de ces pauvres âmes qui brûlent dans ces flammes, parût ici à ma, place, tout environnée des feux qui la dévorent, et qu'elle vous fît elle-même le récit des maux qu'elle endure. Il faudrait, M.F., qu'elle fît retentir cette église de ses cris et de ses sanglots, peut-être enfin cela attendrirait-il vos cœurs. « Oh ! que nous souffrons, nous crient-elles, ô nos frères, délivrez--nous de ces tourments ; vous le pouvez ! Ah ! si vous sentiez la douleur d'être séparées de son Dieu !... » Cruelle séparation ! Brûler dans un feu allumé par la justice d'un Dieu !... souffrir des douleurs incompréhen-sibles à l'homme mortel !... être dévoré par le regret, sachant que nous pouvions si bien les éviter !... «  Oh ! mes enfants, s'écrient ces pères et mères, pouvez-vous  bien nous abandonner, nous qui vous avons tant aimés ? Pouvez-vous bien vous coucher dans la mollesse et nous laisser étendus sur un brasier de feu ? Aurez-vous le courage de vous livrer au plaisir et à la joie, tandis que nous sommes ici à souffrir et à pleurer nuit et jour ? Vous possédez nos biens et nos maisons, vous jouissez du fruit de nos peines, et vous nous abandonnez dans ce lieu de tourments où nous souffrons des maux si affreux, depuis tant d'années !... Et pas une aumône, pas une messe qui nous aide à nous délivrer ! – Vous pouvez nous soulager, ouvrir notre prison ; et vous nous abandonnez ? Oh ! que nos souffrances sont cruelles !... » Oui, M.F., l'on juge bien autrement dans les flammes, de toutes ces fautes légères, si toutefois l'on peut appeler léger, ce qui nous fait endurer des douleurs si rigou-reuses. « 0 mon Dieu, s'écrie le Roi-prophète, malheur à l'homme, même le plus juste, si vous le jugez sans miséricorde . « Si vous avez trouvé des taches dans le soleil et de la malice dans les anges, que sera-ce donc de l'homme pécheur  ? Et pour nous, qui avons commis tant de péchés mortels, et qui n'avons encore presque rien fait pour satisfaire à la justice de Dieu, que d'années de purgatoire ! ...
«  Mon Dieu, disait sainte Thérèse, quelle âme sera assez pure pour entrer dans le ciel, sans passer par les flammes vengeresses ? » Dans sa dernière maladie elle s'écria tout à coup : « O justice et puissance de mon Dieu, que vous êtes terrible ! » Pendant son agonie, Dieu lui fit voir sa sainteté, telle que les anges et les saints la voient dans le ciel, ce qui lui causa tant de frayeur, que ses sœurs la voyant toute tremblante et dans une agitation extraordinaire, s'écrièrent tout en larmes : « Ah ! notre mère, que vous est-il donc arrivé ; craignez-vous encore la mort, après tant de pénitences, des larmes si abondantes et si amères ? » – « Non, mes enfants, leur répondit sainte Thérèse, je ne crains pas la mort, au contraire, je la désire, afin de m'unir à jamais à mon Dieu. » – « Est-ce donc que vos péchés vous effraient, après tant de macérations ? » – « Oui, mes enfants, leur dit-elle, je crains mes péchés, mais je crains encore quelque chose de plus. » – « Est-ce donc le jugement ? » – « Oui, je frémis à la vue du compte redoutable qu'il faudra rendre au bon Dieu, qui, dans ce moment, sera sans miséricorde ; mais il y a encore quelque chose dont la seule pensée me fait mourir de frayeur. » Ces pauvres sœurs se désolaient. – « Hélas ! serait-ce l'enfer ? » – « Non, leur dit-elle, l'enfer, grâce à Dieu, n'est pas pour moi ; oh ! mes sœurs, c'est la sainteté de Dieu ! Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Il faut que ma vie soit confrontée avec celle de Jésus-Christ lui--même ! Malheur à moi si j'ai la moindre souillure, la moindre tache ! Malheur à moi si j'ai même l'ombre du péché ! » – « Hélas, s'écrient ces pauvres religieuses, quel sera donc notre sort  !... » Que sera-t-il donc de nous, M.F., de nous qui peut-être dans toutes nos péni-tences et nos bonnes oeuvres, n'avons pas encore satisfait à un seul péché pardonné dans le tribunal de la pénitence ? Ah ! que d'années et de siècles de tourments pour nous punir !... Que nous paierons cher toutes ces fautes que nous regardons comme un rien, telles que les petits mensonges que nous disons pour nous divertir, les petites médisances, le mépris des grâces que le bon Dieu nous fait à chaque instant, ces petits murmures dans les peines qu'il nous envoie ! Non, M.F., jamais nous n'aurions la force de commettre le moindre péché, si nous pouvions comprendre combien il outrage le bon Dieu, et combien il mérite d'être puni rigoureusement, même en ce monde.
Nous lisons dans l'Écriture sainte  que le Seigneur dit un jour à un de ses prophètes : « Va trouver de ma part le roi Jéroboam, pour lui reprocher l'horreur de son idolâtrie ; mais je te défends de prendre aucune nourri-ture chez lui, ni en chemin. » Le prophète obéit sur le champ, il s'exposa même au danger évident de périr. Il se présenta devant le roi, et lui reprocha son crime, ainsi que le Seigneur le lui avait dit. Le roi, tout en fureur de ce que le prophète avait la hardiesse de le reprendre, étend la main et ordonne de le saisir. La main du roi se dessèche à l'instant même. Jéroboam se voyant puni, rentre en lui-même. Dieu, touché de son repentir, lui pardonne son péché et lui rend sa main. Ce bienfait changea le cœur du roi, qui invita le prophète à manger avec lui. « Non, lui dit le prophète, le Seigneur me l'a défendu ; quand bien même vous me donneriez la moitié de votre royaume, je ne le ferais pas. » Comme il s'en retournait, il trouve un faux prophète se disant envoyé du Seigneur, qui l'engage à manger avec lui. Il se laissa tromper par ce discours, et prit un peu de nourriture. Mais, au sortir de la maison du faux prophète, il rencontra un lion d'une grosseur énorme qui se jeta sur lui et le tua. Maintenant, si vous demandez au Saint-Esprit quelle a été la cause de cette mort, il vous répondra que la désobéissance du prophète lui a mérité ce châtiment. Voyez encore Moïse, qui était si agréable au bon Dieu. Pour avoir douté un instant de sa puissance, en frappant deux fois une pierre pour en faire sortir de l'eau, le Sei-gneur lui dit : « J'avais promis de te faire entrer dans la Terre promise, où le miel et le lait coulent par ruisseaux ; mais, en punition de ce que tu as frappé deux fois la pierre, comme si une seule n'avait pas suffi, tu iras jus-qu'aux pieds de cette terre de bénédictions, et tu mourras avant d'y entrer  ». Si Dieu, M.F., punit si rigoureuse-ment des péchés si légers, que sera-ce donc d'une dis-traction dans la prière, de tourner la tête à l'église, etc... Oh ! que nous sommes aveugles !... Que nous nous pré-parons d'années et de siècles de purgatoire, pour toutes ces fautes que nous regardons comme rien... Comme nous changerons de langage, lorsque nous serons dans ces flammes où la justice de Dieu se fait sentir si rigou-reusement !...
Dieu est juste, M.F., dans tout ce qu'il fait ; quand il nous récompense pour la moindre bonne action, il le fait au delà de tout ce que nous pouvons désirer ; une bonne pensée, un bon désir, c'est-à-dire, désirer faire quelque bonne oeuvre, quand bien même on ne pourrait la faire, il ne nous laisse pas sans récompense ; mais aussi, lors-qu'il s'agit de nous punir, c'est avec rigueur, et nous n'aurions qu'une légère faute, nous serons jetés en pur-gatoire. Cela est vrai, car nous voyons dans la vie des saints, que plusieurs ne sont allés au ciel qu'après avoir, passé par les flammes du purgatoire. Saint Pierre Da-mien raconte que sa sœur demeura plusieurs années en purgatoire, pour avoir écouté une mauvaise chanson avec quelque peu de plaisir. On rapporte que deux religieux se promirent l'un à l'autre que le premier qui mourrait viendrait dire au survivant l'état où il serait ; en effet, le bon Dieu permit à celui qui mourut le premier d'appa-raître à son ami. Il lui dit qu'il était resté quinze jours en purgatoire pour avoir trop aimé à faire sa volonté. Et comme cet ami le félicitait d'y être si peu resté : « J'au-rais bien mieux aimé, répondit le défunt, être écorché vif pendant dix mille ans continus, car cette souffrance n'aurait pas encore pu être comparée à ce que j'ai souf-fert dans les flammes. » Un prêtre dit à un de ses amis, que le bon Dieu l'avait condamné à rester en purgatoire plusieurs mois, pour avoir retardé l'exécution d'un tes-tament destiné à faire de bonnes oeuvres. Hélas ! M.F., combien parmi ceux qui m'entendent ont à se reprocher pareille faute ? combien en est-il qui peut-être, depuis huit ou dix ans, ont reçu de leurs parents ou de leurs amis, la charge de faire dire des messes, de donner des aumônes, et qui ont tout laissé ! Combien y en a-t-il qui, dans la crainte de trouver quelques bonnes oeuvres à faire, ne veulent pas prendre la peine de regarder le testament que leurs parents ou leurs amis ont fait en leur faveur ? Hélas ! ces pauvres âmes sont détenues dans les flammes, parce que l'on ne veut pas accomplir leurs dernières volontés ! Pauvres pères et mères, vous vous êtes sacrifiés pour rendre heureux vos enfants ou vos héritiers ; vous avez peut-être négligé votre salut pour augmenter leur fortune ; vous vous êtes refié sur les bonnes oeuvres que vous laisseriez dans votre testa-ment ! Pauvres parents ! que vous avez été aveugles de vous oublier vous-mêmes ! ....
Vous me direz peut-être : « Nos parents ont bien vécu, ils étaient bien sages. » Ah ! qu'il en faut peu pour aller dans ces feux ! Voyez ce que dit à ce sujet Albert le Grand, lui dont les vertus brillèrent d'une manière si extraordi-naire ; il révéla un jour à un de ses amis, que Dieu l'a-vait conduit en purgatoire, pour avoir eu une petite pen-sée de complaisance à cause de sa science. Ce qu'il y a encore de plus étonnant, c'est qu'il y a eu des saints, même canonisés, qui ont passé par le purgatoire. Saint Séverin, archevêque de Cologne, apparut à un de ses amis longtemps après sa mort, et lui dit qu'il avait été en purgatoire, pour avoir remis au soir des prières qu'il devait faire le matin . Oh ! que d'années de purgatoire, pour ces chrétiens qui ne font point de difficulté de re-mettre leur prière à un autre temps, sous prétexte qu'ils ont de l'ouvrage qui presse ! Si nous désirions sincèrement le bonheur de posséder le bon Dieu, nous évite-rions aussi bien les petites fautes que les grandes, puis-que la séparation de Dieu est un tourment si affreux à ces pauvres âmes !
Les saints Pères nous disent que le purgatoire est un lieu près de l'enfer. Ceci est très facile à comprendre, puisque le péché véniel est voisin du péché mortel ; mais ils croient que toutes les âmes ne sont pas détenues dans ce lieu pour satisfaire à la justice de Dieu, et que plu-sieurs souffrent dans le lieu même où elles ont fait le mal. En effet, saint Grégoire, pape, nous en donne une preuve assez forte. Il rapporte qu'un saint prêtre, in-firme, allait tous les jours, par ordre de son médecin, prendre des bains dans un lieu écarté ; il trouvait chaque fois un personnage inconnu qui l'aidait à se déchausser, et, après qu'il avait pris son bain, lui présentait un linge pour s'essuyer. Le saint prêtre, touché de reconnais-sance, venant un jour de dire la sainte Messe, présenta à son inconnu un morceau de pain bénit. « Mon père, lui répondit cet homme, vous me présentez une chose dont je ne fais point usage, quoique vous me voyiez avec un corps. Je suis le seigneur de ce lieu, qui fais ici mon purgatoire. » Et il disparut en disant : « Ministre du Sei-gneur, ayez pitié de moi ! Oh ! que je souffre ! vous pou-vez me délivrer ; de grâce, offrez pour moi le saint sacri-fice de la messe, offrez vos prières et vos infirmités, le Seigneur me délivrera. » Si nous étions bien con-vaincus de cela, pourrions-nous oublier si facilement nos pauvres parents, qui sont peut-être continuelle-ment autour de nous ? Si le bon Dieu leur permettait de se montrer, nous les verrions se jeter à nos pieds. « Ah ! mes enfants, diraient ces pauvres âmes, ayez pitié de nous ! De grâce, ne nous abandonnez pas ! » Oui, M.F., le soir en nous couchant, nous verrions nos pauvres pères et mères réclamer le secours de nos priè-res ; nous les verrions, dans nos maisons, dans nos champs. Ces pauvres âmes nous suivent partout: mais, hélas ! ce sont de pauvres mendiants auprès de mauvais riches. Elles ont beau leur exposer leurs besoins et leurs tourments, ces mauvais riches n'en sont malheureuse-ment point touchés. « Mes amis, nous crient-elles, un Pater et un Ave ! une sainte Messe ! » Quoi ! nous se-rions assez ingrats pour refuser à un père, à une mère, une si petite partie des biens qu'ils ont acquis ou con-servés avec tant de peines ? Dites-moi, si votre père, votre mère ou un de vos enfants étaient dans le feu, et qu'ils vous tendissent les mains pour vous prier de les délivrer, auriez-vous le courage d'y être insensibles et de les laisser brûler sous vos yeux ? Or, la foi nous apprend que ces pauvres âmes souffrent ce que jamais l’homme mortel ne pourra comprendre...
Si nous voulons, M.F., nous assurer le ciel, ayons une grande dévotion à prier pour les âmes du purgatoire. L'on peut même dire que cette dévotion est une mar-que presque certaine de prédestination, et un puissant moyen de salut. L'Écriture sainte nous fournit une com-paraison admirable dans l'histoire de Jonathas . Saül, son père, avait défendu à tous les soldats, sous peine de mort, de prendre aucune nourriture jusqu'à ce qu'ils eus-sent défait les Philistins. Jonathas, qui n'avait pas en-tendu cette défense, étant épuisé de fatigue, trempa le bout de sa baguette dans un rayon de miel et en goûta. Saül consulta le Seigneur, pour savoir si personne n'a-vait violé la défense. Apprenant que son fils l'avait violée, le père commanda qu'on se saisit de lui, en disant : « Je veux que le Seigneur me punisse, si vous ne mourez pas aujourd'hui. » Jonathas se voyant condamné à mort par son père, pour avoir violé une défense qu'il n'avait pas entendue, tourna ses regards vers le peuple, et, laissant couler ses larmes, il semblait lui rappeler tous les ser-vices qu'il lui avait rendus, et toutes les bontés qu'il avait eues pour lui. Le peuple se jeta aussitôt aux pieds de Saül : « Quoi ! vous feriez mourir Jonathas, lui qui vient de sauver Israël ! lui qui nous a délivrés des mains de nos ennemis ! Non, non, il ne tombera pas un cheveu de sa tête, nous avons trop à cœur de le conserver, il nous a trop fait de bien pour si tôt l'oublier. » Ceci est l'image sensible de ce qui arrive à l'heure de la mort. Si nous avons eu le bonheur de prier pour les âmes du purgatoire, lorsque nous paraîtrons devant le tribunal de Jésus-Christ pour rendre compte de toutes nos actions, ces âmes se jetteront aux pieds du Sauveur en lui disant : « Seigneur, grâce pour cette âme ! grâce, miséricorde pour elle ! ayez pitié, mon Dieu, de cette âme si chari-table, qui nous a arrachées aux flammes, et qui a satisfait à votre justice ! Mon Dieu ! mon Dieu ! oubliez, nous vous en prions, ses fautes, comme elle vous a fait oublier les nôtres ! » Oh ! que ces motifs sont puissants pour vous inspirer une tendre compassion envers ces pauvres âmes souffrantes !... Hélas ! elles sont bientôt oubliées. L'on a bien raison de dire que le souvenir des morts s'en va avec le son des cloches. Souffrez, pauvres âmes, pleurez dans ce feu allumé par la justice de Dieu, c'est en vain ; l'on ne vous écoute pas, l'on ne vous soulage pas !... Voilà donc, M.F., la récompense de tant de bonté et de charité qu'elles ont eues pour nous pendant leur vie. Non, ne soyons pas du nombre de ces ingrats ; puisque, travaillant à leur délivrance, nous travaillerons à notre salut.

II. – Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous les soulager et les conduire au ciel ? – Si vous désirez, M.F., leur prêter secours, je vais vous montrer que c'est facile, 1° par la prière et les aumônes ; 2° par les indulgences, et 3° surtout, par le saint sacrifice de la Messe.
Je dis 1° par la prière. Quand nous faisons une prière pour les âmes du purgatoire, nous leur cédons tout ce que le bon Dieu nous accorderait si nous la faisions pour nous--même ; mais hélas ! que nos prières sont peu de chose, puisque c'est encore un pécheur qui prie pour un coupa-ble ! Mon Dieu, qu'il faut que votre charité soit grande !... Nous pouvons, chaque matin, offrir toutes nos actions de la journée, toutes nos autres prières pour le soulage-ment de ces pauvres âmes souffrantes. Tout cela est bien peu de chose, il est vrai ; mais voilà : nous leur faisons comme à une personne qui aurait les mains liées et serait chargée d'un pesant fardeau, à qui nous viendrions de temps en temps ôter un peu de cette charge ; peu à peu elle se trouverait délivrée de tout. Il en est de même pour les pauvres âmes du purgatoire, quand nous faisons quelque chose pour elles ; une fois, nous abrégerons leurs peines d'une heure, une autre fois, d'un quart d'heure, de sorte que, chaque jour, nous les approchons du ciel.
Nous disons 2° que nous les pouvons délivrer par les indulgences, qui les conduisent à grands pas vers le ciel. Le bien que nous leur communiquons est d'un prix infini ; car nous leur appliquons les mérites du Sang adorable de Jésus-Christ, des vertus de la sainte Vierge et des saints, qui ont fait plus de pénitences que leurs péchés n'en méritaient. Hélas ! si nous voulions, comme nous aurions bientôt vidé le purgatoire, en appliquant toutes les indulgences que nous pouvons gagner pour ces âmes souffrantes !... Voyez, M.F., l'on peut gagner quatorze indulgences plénières en faisant le chemin de la croix . On le fait de plusieurs manières ... Oh ! que vous êtes coupables d'avoir laissé brûler vos parents, lorsque vous pouviez si bien et si facilement les délivrer !
3° Le moyen le plus puissant pour hâter leur bonheur, c'est la sainte Messe, parce qu'alors ce n'est plus un pécheur qui prie pour un pécheur, mais un Dieu égal à son Père qui ne lui refusera jamais rien. Jésus-Christ nous l'assure dans l'Evangile quand il dit : « Mon Père, je vous rends grâce, parce que vous m'écoutez toujours  ! » Afin de mieux vous en convaincre, je vais vous citer un exemple des plus touchants, et qui vous montrera combien est grand le pouvoir de la sainte Messe. Il est rapporté dans l'histoire de l'Église que, peu de temps après la mort de l'empereur Charles , un saint homme du diocèse de Reims, nommé Bernold, étant tombé malade et ayant reçu les derniers sacre-ments, demeura près d'un jour sans parler, à peine pouvait-on s'apercevoir qu'il fut en vie ; il ouvrit enfin les yeux et commanda à ceux qui le gardaient de faire venir au plus tôt son confesseur. Le prêtre accourut, et trouva le malade tout en pleurs, qui lui dit : « J'ai été transporté en l'autre monde, je me suis trouvé dans un lieu où j'ai vu l'évêque Pardule de Laon, qui passait vêtu de haillons crasseux et noirs, et souf-frait horriblement dans les flammes ; il m'a tenu ce lan-gage : « Puisque vous avez le bonheur de retourner sur la terre, je vous prie de m'aider et de me soulager ; vous pouvez même me délivrer et me procurer le grand bonheur de voir le bon Dieu. – Mais, lui ai-je répondu, comment pourrai-je vous procurer ce bonheur ? – Allez trouver ceux à qui j'ai fait du bien pendant ma vie, dites- leur qu'en retour ils prient pour moi, et le bon Dieu m'aura en pitié. » Après avoir fait ce qu'il a ordonné, je l'ai revu beau comme un soleil, il ne paraissait plus souf-frir, et, dans son contentement, il m'a remercié en disant: « Regardez combien les prières et la sainte Messe m'ont procuré de biens et de bonheur. » Un peu plus loin, j'ai vu le roi Charles, qui me parla en ces termes : « Mon ami, que je souffre ! Va trouver l'évêque Hincmar, dis- lui que je souffre pour n'avoir pas suivi ses conseils, mais que je compte sur lui pour m'aider à sortir de ce lieu de souffrances ; recommande aussi à tous ceux à qui j'ai fait du bien pendant ma vie, de prier pour moi, d'offrir le saint sacrifice de la Messe, et je serai délivré. »  J'allai trouver l'évêque, qui se préparait à dire la messe, et qui, avec tout son peuple, se mit à prier dans cette intention. Je revis ensuite le roi couvert de ses habits royaux et tout brillant de gloire : « Regarde, dit-il, quelle gloire tu m'as procurée, maintenant me voilà heureux pour toujours. » Dans ce moment, je sentis l'odeur d'un parfum exquis, qui venait du séjour des bienheureux. Je m'en approchai, dit le Père Bernold, j'ai vu des beautés et des délices que le langage humain ne peut expri-mer . »
Voilà qui nous prouve combien nos prières et nos bonnes oeuvres, et surtout la sainte Messe, sont puissantes pour tirer ces pauvres âmes de leurs souffrances. Mais en voici un autre exemple, que nous trouvons aussi dans l'histoire de l'Église : il est encore plus frappant. Un saint prêtre ayant appris la mort de son ami qu'il aimait uniquement pour le bon Dieu, ne trouva point de moyen plus efficace pour sa délivrance, que d'aller promptement offrir le saint sacrifice de la Messe. Il commença avec toute la ferveur possible et la douleur la plus vive. Après avoir consacré le Corps adorable de Jésus-Christ, il le prit entre ses mains, et, levant les mains et les yeux au ciel : « Père éternel, dit-il, voilà que je vous offre le corps, l'âme de votre très cher Fils. 0 Père éternel ! ren-dez-moi l'âme de mon ami, qui souffre dans les flammes du purgatoire ! Oui, mon Dieu, je suis libre de vous offrir ou non votre Fils, vous pouvez m'accorder ce que je vous demande ! Mon Dieu, faisons échange : délivrez mon ami, et je vous donnerai votre Fils ; ce que je vous présente vaut infiniment mieux que ce que je vous demande. » Cette prière fut faite avec une foi si vive, qu'à l'instant même il vit l'âme de son ami sortir du pur-gatoire et monter au ciel. Il est encore rapporté qu'un prêtre, disant la sainte Messe pour une âme du purga-toire, l'en vit sortir sous la forme d'une colombe et monter au ciel. Sainte Perpétue recommande fortement de prier pour les âmes du purgatoire. Dans une vision, Dieu lui fit voir son frère qui brûlait dans les flammes, et qui, cependant, était mort à peine âgé de sept ans, après avoir souffert presque toute sa vie d'un cancer qui le faisait crier nuit et jour. Elle fit beaucoup de prières et de pénitences pour sa délivrance, aussi le vit-elle monter au ciel brillant comme un ange. Oh ! qu'ils sont heureux, M.F., ceux qui ont de pareils amis !
A mesure que ces pauvres âmes s'approchent du ciel, elles semblent encore souffrir davantage. Elles font comme Absalon : après être resté quelque temps en exil, il revient dans son pays, mais sans avoir la permission de voir son père qui l'aimait tendrement. Quand on lui annonça qu'il resterait près de son père, mais qu'il ne le verrait pas : « Ah ! s'écria-t-il, je verrai les fenêtres et les jardins de mon père, et je ne le verrai pas lui-même ? Dites-lui que j'aime mieux mourir, que de rester ici sans avoir le bonheur de le voir. Dites-lui que ce n'est pas assez de m'avoir pardonné ; mais qu'il faut encore qu'il m'ac-corde le bonheur de le voir . » De même aussi ces pauvres âmes se voyant près de sortir de leur exil, leur amour pour Dieu, le désir de le posséder deviennent si ardents, qu'elles semblent ne plus pouvoir y résister. « Seigneur, s'écrient-elles, regardez-nous des yeux de votre miséricorde, nous voilà à la fin de nos souffrances. Oh ! que vous êtes heureux, nous crient-elles du fond des flammes qui les brûlent, vous qui pouvez encore éviter ces tourments !... » Il me semble encore entendre ces pauvres âmes qui n'ont ni parents ni amis : « Ah ! s'il vous reste encore quelque peu de charité, ayez pitié de nous, qui, depuis tant d'années, sommes abandonnées dans ces feux allumés par la justice de Dieu ! Oh ! si vous pouviez comprendre la grandeur de nos souf-frances, vous ne nous abandonneriez pas comme vous le faites ! Mon Dieu ! personne n'aura-t-il donc compas-sion de nous ? »
Il est certain, M.F., que ces pauvres âmes ne peuvent rien pour elles-mêmes, mais elles peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu'il n'y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire, sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n'est pas difficile à comprendre : si les saints qui sont dans le ciel et n'ont pas besoin de nous, s'intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire, qui reçoivent nos bienfaits spiri-tuels à proportion de notre sainteté. « Ne refusez pas cette grâce, Seigneur, disent-elles, à ces chrétiens qui donnent tous leurs soins à nous tirer des flammes ! » Une mère pourrait-elle refuser de demander au bon Dieu une grâce pour des enfants qu'elle a aimés et qui prient pour sa délivrance ? Un pasteur, qui, pendant sa vie, n'aura eu que du zèle pour le salut de ses parois-siens, pourra-t-il ne pas demander pour eux, même en purgatoire, les grâces dont ils ont besoin pour se sauver ? Oui, M.F., toutes les fois que nous aurons quelque grâce à demander, adressons-nous avec confiance à ces saintes âmes, et nous sommes sûrs de l'obtenir. Quel bonheur pour nous d'avoir, dans la dévotion aux âmes du purgatoire, un moyen si excellent pour nous assurer le ciel ! Voulons-nous demander au bon Dieu la douleur de nos péchés ? Adressons-nous à ces âmes, qui, depuis tant d'années, pleurent dans les flammes ceux qu'elles ont commis. Voulons-nous demander au bon Dieu le don de la persévérance ? Invoquons-les, M.F., elles en sentent tout le prix ; car il n'y a que ceux qui persé-vèrent qui verront le bon Dieu. Dans nos maladies, dans nos chagrins, tournons nos prières vers le purgatoire, elles obtiendront leur effet.
Que conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. Il est cer-tain qu'il y a très peu d'élus qui n'aient passé par les flammes du purgatoire, et que les peines qu'on y endure sont au-delà de ce que nous pourrons jamais compren-dre. Il est certain encore que nous avons entre les mains tout ce qu'il faut pour soulager les âmes du pur-gatoire, c'est-à-dire nos prières, nos pénitences, nos au-mônes et surtout la sainte Messe ; et enfin, nous sommes sûrs que ces âmes étant pleines de charité, elles nous obtiendront mille fois plus que nous ne leur donnerons. Si un jour nous sommes dans le purgatoire, ces âmes ne manqueront pas de demander au bon Dieu la même grâce que nous aurons obtenue pour elles ; car elles ont senti combien l'on souffre dans ce lieu et combien est cruelle la séparation de Dieu. Donnons quelques ins-tants, pendant cette octave, à une oeuvre si bien placée. Combien vont aller au ciel par la sainte Messe et nos prières !... Que chacun de nous pense à ses propres pa-rents, et à toutes les pauvres âmes délaissées depuis de longues années. Oui, M.F., offrons toutes nos actions pour les soulager. Nous plairons ainsi à Dieu, qui désire tant les délivrer, et nous leur procurerons le bonheur de la jouissance de Dieu même. C'est ce que je vous souhaite.

 

AUTRE SERMON
POUR LE JOUR DES MORTS

 

Miseremini mei miseremini mei, saltem vos amici mei, quia manus Domini tetigit me.
Ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis, car la main du Seigneur s'appesantit sur moi.
(Job., IX, 2l.)

D'où sortent, M.F., ces prières touchantes, ces tristes accents ? Serait-ce des profondeurs d'un sépulcre ? Non, car si les sépulcres nous instruisent, c'est sur le néant des grandeurs humaines ; les morts qui y sont étendus, ne nous parlent que par leur silence. Serait-ce du haut de ce beau ciel, l'heureux séjour des élus, que se font entendre ces tristes gémissements capables de fendre les rochers les plus durs ? Non, M.F., la même main qui leur a distribué ces brillantes couronnes, a en même temps essuyé leurs larmes ; l'on n'y entend plus que chants de joie et d'allégresse éternelle. Serait-ce du fond des enfers, de ces lieux d'horreur et de tourments, que se font entendre ces cris si tendres et si déchirants ?
Hélas ! M.F., non ; les noirs habitants de ces lieux de ténèbres ne demandent ni n'espèrent aucun soulage-ment ; ils sont damnés, ils sont séparés de leur Dieu, ils le seront pour jamais. Ils ont fait un adieu éternel au ciel et à tous ses biens ; ils sont très assurés que jamais ils ne sortiront de ces abîmes ; la main du Seigneur ne les touche pas seulement, mais les foudroie et les écrase. C'est donc du purgatoire que se font entendre ces pressantes sollicitations, ces tendres gémissements.
Mais à qui, M.F., s'adressent ces larmes et ces san-glots ? Écoutez l'Église, cette tendre mère qui pleure amèrement sur les tourments qu'endurent ses enfants... Elle prie et nous conjure d'avoir pitié d'eux et de leur porter secours. Oui, après nous avoir fait le tableau du bonheur dont jouissent les bienheureux dans le ciel, elle nous transporte dans cette région de larmes et de tourments, pour nous faire la triste peinture des peines qu'y endurent ces pauvres âmes. Quoi de plus digne et de plus capable d'attendrir nos cœurs, que les cris de ces âmes souffrantes ? Écoutez-les : « O vous, mes amis, arrachez-nous, arrachez-nous de ces flammes qui nous dévorent ! » Voyez-vous cette mère ? Elle vous tend ces mains qui tant de fois vous ont porté. Voyez-vous cette pauvre enfant, dont la séparation vous fut si cruelle ? En l'embrassant pour la dernière fois, vous lui avez promis de ne jamais l'oublier... Nous pouvons, M.F., les soulager, que dis-je ? nous pouvons leur ouvrir les portes du ciel, et les faire jouir d'un bonheur qui n'aura point de fin. Pour vous y engager, je vais vous montrer, autant qu'il me sera possible, 1° la grandeur des tour-ments qu'elles endurent, et 2° la facilité des moyens que nous pouvons employer pour les soulager.

I. – Si je parlais, M.F., à des impies, à des incrédules, ou bien à des personnes croupissant dans une ignorance grossière, qui ne croient à rien et qui nient tout, je com-mencerais par leur prouver l'existence de ce lieu destiné à expier les fautes vénielles, et les péchés mortels qui ont été pardonnés dans le tribunal de la pénitence, et qui n'ont pas encore entièrement été expiés par des peines temporelles ; mais, puisque je parle à des chrétiens ins-truits, et parfaitement convaincus de cette grande vérité, je n'en donne donc point d'autres preuves que celles que vous avez trouvées dans votre catéchisme. Je vous dirai qu'il est certain, très certain qu'il y a un purgatoire, c'est-à-dire un lieu de tourments, où les âmes des justes achèvent d'expier leurs fautes, avant d'être admises à la gloire du paradis qui leur est assurée. Rien n'est mieux prouvé que l'existence de ce lieu. Nous lisons dans l'Écriture que « rien de souillé n'entrera dans le ciel  » –  « Il y a des péchés qui ne seront remis ni dans le siècle présent ni dans le siècle à venir  », mais dans le purga-toire. Saint Paul nous dit encore que plusieurs ne seront sauvés, qu'après avoir passé par les flammes du purga-toire . Oh ! combien d'âmes justes la mort surprend dans quelques fautes vénielles ! Où vont-elles, ces pauvres âmes, puisqu'elles ne sont pas assez pures pour entrer dans le ciel ? Seront-elles jetées en enfer ? Si cela était, où seraient donc les élus ? Non, non, ce sont des âmes justes, et les flammes des abîmes ne sont point pour ceux qui brillent du feu de la charité ; c'est donc dans les flammes du purgatoire qu'elles vont achever l'expiation de leurs fautes, avant d'être réunies à leur cher et céleste Époux, qu'elles aiment et dont elles sont aimées.
Oui, M.F., c'est une vérité de foi, que, quoique nos péchés nous soient pardonnés dans le tribunal de la pé-nitence, nous ne sommes pas pour cela exempts de souffrir des peines temporelles. Voyez le saint roi David, à qui Dieu même envoya son prophète pour l'assurer que son péché lui était pardonné. Le Seigneur fit cepen-dant mourir l'enfant qui était pour lui l'espérance d'une heureuse vieillesse . La justice de Dieu, non contente de cette punition, frappa encore tout son royaume des fléaux les plus terribles. La peste semble le vouloir laisser seul dans le monde , il se voit chassé de son trône par celui-là même à qui il avait donné le jour. Ce malheureux fils ne craint pas de le poursuivre ; il veut ôter la vie à celui dont Dieu s'est servi pour la lui don-ner . Jusqu'à sa mort, David passa les jours et les nuits dans les larmes et les pénitences. Il les porta à une telle rigueur, que ses pieds ne pouvaient plus le sou-tenir . Voyez encore le pieux roi Ézéchias ; pour une légère pensée d'orgueil, le Seigneur mit son royaume en proie à mille malheurs . Voyez saint Pierre et sainte Madeleine. Personne ne doit douter que, quoique nos péchés soient pardonnés au tribunal de la pénitence, il nous reste encore des peines temporelles à souffrir, ou dans ce monde ou dans les flammes du purgatoire. Il nous est aussi nécessaire de croire cette vérité pour être sauvés, que le mystère de l'Incarnation . Arrêtons-nous là, M.F., descendons en esprit dans ces lieux de tourments ; soyons témoins des maux qu'endurent ces pauvres âmes, elles vont elles-mêmes nous faire la triste peinture des peines qui les rongent et les dévorent.
Deux supplices leur sont très sensibles : 1° la peine du dam, c'est-à-dire la privation de la vue de Dieu, et la peine du sens. L'amour qu'elles ont pour Dieu est si grand, la pensée qu'elles en sont privées par leur faute, leur cause une douleur si violente, que jamais il ne sera donné à un mortel d'en concevoir la moindre idée. Du milieu de ces flammes qui les brûlent, elles voient les trônes de gloire qui leur sont préparés et qui les atten-dent, une voix semble leur crier : « Ah ! que vous êtes privées de grands biens ! si vous aviez eu le bonheur de redoubler vos pénitences et vos larmes, vous seriez au-jourd'hui assises sur ces beaux trônes tout rayonnants de gloire ; ah ! que vous avez été aveugles de retarder un tel bonheur par votre faute ! » Ce seul langage aug-mente leur douleur et le désir d'être réunies à leur Dieu ; elles s'en prennent au ciel et à la terre ; elles in-voquent et les anges et les hommes. « Ah ! mes amis, nous crient-elles, s'il vous reste encore quelque amitié pour nous, ayez pitié de nous, arrachez-nous de ces flammes : vous le pouvez !... Beau ciel, quand te ver-rons-nous ? » Il est rapporté dans l'histoire de Cîteaux, qu'un religieux, après avoir été toute sa vie un modèle de vertu, apparut à un religieux, en lui disant qu'il avait été en purgatoire ; et la plus grande souffrance qu'il y avait ressentie, était la privation de la vue de Dieu.
2° L'autre peine de ces pauvres âmes, c'est la douleur du sens, c'est-à-dire du feu. Les saints Pères nous assu-rent que c'est un feu matériel, ou plutôt que c'est le même que celui qui brûle les malheureux damnés. Ce feu est si violent, qu'une heure semble à ceux qui l'en-durent, des millions de siècles. Oui, nous disent-ils, si l'on pouvait comprendre la grandeur de leurs supplices, nuit et jour nous crierions miséricorde pour elles. Un autre saint va encore plus loin, en nous disant que leurs souffrances surpassent même celles que Jésus-Christ a endurées pendant sa cruelle et douloureuse passion ; et cependant, si les souffrances que Jésus-Christ a endurées eussent été partagées entre tous les hommes, nul mortel n'eût pu les soutenir . Ah ! pauvres âmes, qui pourra donc jamais raconter la grandeur de vos peines ! Nous lisons dans l'histoire ecclésiastique, qu'un saint resta six jours en purgatoire avant d'entrer dans le ciel. Il apparut ensuite à un de ses amis en lui disant qu'il avait enduré des souffrances si grandes, qu'elles surpassaient toutes celles qu'ont endurées et qu'endureront jusqu'à la fin des siècles, tous les martyrs réunis ensemble. O mon Dieu, que votre justice est redoutable pour le pécheur !... Cependant, M.F., qui peut entendre sans frémir le récit de ce qu'ont enduré les martyrs chacun en particulier. Les uns sont plongés dans des chaudières d'huile bouil-lante, d'autres sciés avec des scies de bois, celui-ci étendu sur un chevalet, déchiré avec des crochets de fer lui arrachant les entrailles, d'autres que l'on foule aux pieds. Celui-là étendu sur des brasiers ardents, auquel il ne restait que ses os tout noircis et brûlés ; enfin, d'au-tres ont été mis sur des tables armées de lames tran-chantes, et qui perçaient de part en part ces innocentes victimes. Peut-on bien penser à tout cela sans se sentir pénétré de douleur jusqu'au fond de l'âme ? Ah ! si une âme en purgatoire souffre encore plus que tous les mar-tyrs ensemble, qui pourra donc y tenir ?... Mon Dieu, mon Dieu, ayez pitié de ces pauvres âmes !...
Mais pour nous en convaincre encore d'une manière plus sensible, écoutons : sainte Brigitte, à qui Dieu fit connaître les douleurs qu'endurent ces pauvres âmes, assure que leurs peines sont si grandes et leurs dou-leurs si violentes, que jamais l'homme ne pourra s'en former la moindre idée. Dieu lui en fit voir qui étaient condamnées à y rester jusqu'à la fin du monde. Le pape Innocent III apparut après sa mort à sainte Lutgarde sous une forme sensible. Effrayée d'une telle vision, elle se jeta la face contre terre, demandant au bon Dieu de lui dire ce que cela pouvait être. Le mort lui répon-dit qu'il était le pape décédé récemment. « Mon Dieu, s'écria-t-elle en pleurant amèrement, si un pape qui a été un modèle de vertu souffre de tels maux, malheur à moi 1 » Le pape lui dit que, sans la sainte Vierge pour qui il avait fait bâtir une église, il était damné et con-damné à brûler dans les enfers ; mais avant de mourir la sainte Vierge avait prié son Fils pour lui obtenir une véritable contrition de ses péchés. « Je resterai dans les flammes jusqu'à la fin du monde, ajouta-t-il, je viens réclamer le secours de vos prières, » et il disparut en s'écriant : « Ah ! que je souffre ! arrachez-moi des flammes qui me dévorent. » Saint Vincent Ferrier nous dit que Dieu lui fit voir une âme condamnée à un an de purga-toire pour un seul péché véniel. Écoutez encore ce que nous dit saint Louis, de l'ordre de Saint Dominique. Son père lui apparut sous une forme sensible, poussant des cris épouvantables et de profonds gémissements. Il ve-nait implorer le secours de ses prières. Aussitôt saint Louis se livra aux larmes et à la pénitence, aux macéra-tions les plus affreuses ; il célébra tous les jours pour lui la sainte Messe, et ne resta pas un jour sans implorer le secours de la sainte Vierge. Malgré cela, chaque matin son père apparaissait, en jetant les mêmes cris et les mêmes sanglots : « Ah ! que je souffre ! mon fils, ayez pitié de moi ! » Saint Louis ne cessait de demander jour et nuit, miséricorde pour son père. « Mon Dieu, mon Dieu, s'écriait-il, ne vous laisserez-vous pas toucher par mes prières et mes larmes ? » Sept ans après seulement, Dieu lui fit connaître que son père était délivré. – Mais, me direz-vous peut-être, que pouvait donc avoir fait ce malheureux père pour tant souffrir ? – Oh ! mon ami, si vous connaissiez bien ce que c'est que le péché, je n'oserais vous le dire, de peur de vous jeter dans le désespoir. Saint Louis rapporte que son père avait fait peu de chose : une personne lui avait rendu de grands services, et il cherchait à lui en témoigner sa reconnais-sance, ne pensant pas assez peut-être que c'était Dieu qu'il devait remercier de ses bienfaits…
Que d'années de purgatoire, M.F., pour nous, qui commettons ces sortes de fautes si souvent et avec si peu de scrupule ! Que de mensonges pour éviter une petite humiliation ou pour servir de divertissement ! Que de petites médisances ! Que de bonnes inspirations aux-quelles nous n'avons pas répondu ! Que de distractions volontaires dans nos prières ! Que de fois le bon Dieu ne nous a-t-il pas donné la pensée de lui élever notre cœur, à notre réveil, pendant le jour, et nous ne l'avons pas fait ! ou si nous l'avons fait, avec quelle peine et quelle négligence ? Que de fois n'avons-nous pas eu la pensée de faire quelque mortification dans nos repas, dans notre démangeaison de parler ? Que de fois nous aurions pu aller à la Messe, tandis que, par paresse ou par crainte de perdre un moment, nous n'y sommes pas allés ! Que de fois le bon Dieu nous a donné la pensée de ne plus rester dans le péché, d'aller promptement nous con-fesser ! Que de fois nous avons eu la pensée de nous corriger, pour avoir le bonheur de nous approcher plus souvent du sacrement adorable de l'Eucharistie ! Que de bonnes œuvres, de pénitences nous aurions pu faire, et que nous n'avons pas faites ! O mon Dieu, que d'années, ou plutôt que de siècles il faudra souffrir dans ces flam-mes ! Mon Dieu, que nous sommes aveugles !...
Nous lisons dans l'histoire qu'une personne, après avoir vécu chrétiennement, apparut à une de ses amies, toute environnée de flammes, et souffrant cruellement, pour avoir négligé de fréquenter les sacrements. Dieu, en effet, lui avait souvent donné sur la terre, le désir de se corriger de ses petites fautes vénielles, et de recevoir plus souvent le sacrement de son amour ; aussi avait-il permis qu'elle apparût à son amie pour l'exhorter à faire ce qu'elle n'avait point fait elle-même, à mener une vie plus pure et plus sainte ; à offrir ses communions pour elle, et qu'ainsi Dieu lui ferait miséricorde. En effet, après plusieurs communions, elle lui apparut encore, mais toute rayonnante de gloire, et la remercia des com-munions qu'elle avait offertes pour sa délivrance. Un jour viendra, M.F., que nous regretterons de n'avoir pas mené une vie assez pure et assez chrétienne, pour nous procurer le bonheur de venir plus souvent nous asseoir à la table des anges, ce qui abrégerait bien les peines du purgatoire.
Mais revenons à nos pauvres prisonnières, qui, du mi-lieu des flammes, nous tendent leurs mains suppliantes, et nous conjurent de ne pas les laisser souffrir plus longtemps. Qui sont ces pauvres âmes, sur lesquelles la jus-tice de Dieu s'appesantit ? Hélas ! ce sont peut-être nos parents, qu'une mort cruelle a séparés de nous il n'y a que quelques jours. Ce sont des amis chéris, qui vien-nent de descendre dans le tombeau où nous les suivrons bientôt. Ces pauvres âmes sont détenues dans des tor-rents de flammes qui les inondent et les dévorent ; la main du Seigneur les poursuit, les frappe et les châtie rigoureusement. « O vous, nos amis, nous crient-elles, soyez sensibles aux maux que nous souffrons ! «  Voyez--vous, entendez-vous ces pauvres âmes ? Chacune s'a-dresse à ceux qu'elle a aimés et protégés pendant sa vie, pour les porter à avoir pitié d'elle. Entendez-vous cette épouse qui lève les yeux et tend ses mains suppliantes vers son époux : « Ah ! si vous pouviez, dit-elle, com-prendre mes souffrances, pourriez-vous oublier une épouse qui vous aimait si tendrement ! Avez-vous oublié mes derniers adieux, quand, vous serrant entre mes bras, je vous donnais les dernières preuves de ma ten-dresse ? Vous m'aviez promis de ne jamais m'oublier ; seriez-vous insensible aux tourments que j'endure ? Ah ! de grâce, arrachez-moi de ce feu qui me dévore, vous le pouvez... ah ! que je souffre ! » Écoutez les cris déchi-rants de cette pauvre mère à son fils : « Mon enfant, pourquoi me laissez-vous endurer des tourments si af-freux ? avez-vous déjà oublié tout ce que j'ai fait pour vous ? moi qui ai eu tant de peine à mourir, craignant que, séparé de moi, vous fussiez malheureux ! Vous m'abandonnez dans un lieu où je souffre cruellement. De grâce, délivrez-moi, délivrez celle qui a tant versé de larmes pour vous, qui a si souvent demandé à Dieu de la faire souffrir à votre place ! Mon fils, ayez pitié de votre pauvre mère qui vous a tant aimé, et qui est digne d'être payée de retour !... » Écoutez cette pauvre enfant, dont la séparation vous fit tant verser de larmes : « Ah ! ma mère, vous crie-t-elle , avez-vous oublié nos derniers adieux, avez-vous oublié ce moment où nous mêlions nos larmes ensemble, quand la mort nous forçait de nous séparer ? me laisserez-vous dans ces flammes qui me dévorent, tandis qu'il vous serait facile de me déli-vrer ! Oh ! de grâce, ne m'abandonnez pas ! Lorsque votre tour viendra et que vous serez jugée, je ne vous oublierai pas, j'irai moi-même me jeter aux pieds de votre juge, dont je serai alors l'amie et l'enfant bien--aimée. Si je ne suis pas moi-même assez puissante, j'appellerai toute la cour céleste à mon secours, afin de demander votre grâce. »
Mais à qui vont s'adresser ces pauvres âmes qui n'ont ni parents, ni amis pour penser à elles ? Il me semble que je les entends crier : « Pasteur charitable, dites à tous les chrétiens, combien nos souffrances sort longues et cruelles, non, il n'y a que Dieu pour connaître la rigueur des supplices que nous endurons ; ah ! dites-leur bien que nous ne serons pas des ingrates. » Hélas ! ces pauvres âmes sont dans les flammes comme des pri-sonnières, qui, depuis un grand nombre d'années, gé-missent au fond de cachots ténébreux, soupirant après le moment de leur délivrance. Mais c'est en vain, on les abandonne, elles subissent de point en point l'arrêt de leur condamnation ; elles voient venir des âmes beau-coup plus coupables qu'elles, et qui sont plutôt déli-vrées, parce qu'elles ont des amis pour satisfaire à la justice de Dieu. « Mon Dieu, s'écrient-elles à chaque instant, n'aurons-nous donc personne pour nous déli-vrer ? »
Combien dureront les peines de ces pauvres âmes ?- Hélas ! M.F., quand de tels supplices ne dureraient qu'un jour, qu'une heure, qu'une demi-heure, cela leur paraîtrait infiniment plus long, que des millions de siè-cles dans les supplices les plus rigoureux que l'on puisse souffrir en ce monde. – Et pourquoi cela : – Mon ami, le voici. Quand Dieu punit quelqu'un en ce monde, ce n'est que sous le règne de sa miséricorde et de sa bonté car, si Dieu nous envoie une infirmité, une perte de biens ou d'autres misères, tout cela ne nous est donné que pour nous faire éviter les peines du purgatoire, ou pour nous faire sortir du péché. En effet, si le Seigneur a traité le saint homme Job si durement sur cette terre, n'est-ce pas parce qu'il l'aimait d'une manière particu-lière ? Ce saint homme ne dit-il pas lui-même que « le bout du doigt du Seigneur l'a touché ?  » L'ange ne dit-il pas aussi à Tobie, que si Dieu l'avait affligé, ce n'était que parce qu'il lui était agréable  ? Ainsi donc, si dans ce monde Dieu nous fait souffrir, ce n'est que par amour et par charité. Dans l'autre, au contraire, Dieu n'est conduit que par sa justice et sa vengeance ; nous avons péché, nous avons passé le temps de sa mi-séricorde ; il nous avait mille fois menacés, il faut que sa justice soit accomplie et sa vengeance satisfaite. Oh ! qu'il est terrible de tomber entre les mains d'un Dieu vengeur !
Mais ce qui devrait nous porter à ne rien négliger pour délivrer ces pauvres âmes, c'est que nous sommes la cause du malheur de la plupart d'entre elles. En voici la raison. Cette épouse sera dans les flammes, parce qu'elle a eu pour son époux trop de faiblesse, peut-être même des complaisances contraires à la loi du Seigneur. Ce pauvre père, cette pauvre mère souffrent dans le purga-toire, parce qu'ils n'ont pas assez corrigé leurs enfants, et leur ont permis ce qu'ils n'auraient jamais dû leur permettre. Cet ami ou ce voisin souffre aussi parce qu'étant en votre compagnie, il n'a pas osé vous reprendre, lorsque vous avez médit du prochain ou que vous avez dit des paroles peu décentes. Enfin, une mul-titude d'autres brûlent dans ces brasiers, parce que vous leur avez donné mauvais exemple, ce qui les a portés à pécher. Ah ! pauvres âmes, c'est nous qui sommes cause de vos tourments, et nous vous laissons, nous vous abandonnons !... Ingrats, un jour viendra que nous pleu-rerons notre insensibilité pour ces pauvres âmes souf-frantes ! Quoi ! nous les laissons brûler, pouvant si faci-lement les conduire au ciel ! Ah ! M.F., laissons-nous toucher, puisque Dieu a mis leur délivrance entre nos mains .

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